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Pâturage d’une céréale Ne pas trop pénaliser le rendement en grain

Faire pâturer une céréale au printemps ? Drôle d’idée ! L’Inra de Lusignan (86) s’est penché sur la question. L’essai a été mené avec du blé et du triticale avec deux dates de coupe différentes début et fin avril. Au mieux, le pâturage précoce d'une tonne de triticale pénalise le rendement en grain d’environ 8 qx/ha. Cette étude présente l’intérêt d’une conduite en double usage : fourrage et grain. Bien que cette technique soit plutôt à réserver en cas de déficit fourrager, de nombreuses pistes restent à explorer.

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En 2008, de précédents essais avaient prouvé l’intérêt zootechnique de cette pratique pour des vaches laitières au
pâturage. (© Terre-net Média)

« Le pâturage précoce d’une céréale permet de disposer d’une ressource fourragère d’excellente qualité, sans trop compromettre la seconde récolte en grain ou en fourrage », explique les chercheurs de l’Inra de Lusignan dans la Vienne. « Cette technique apporte une réponse en cas de manque conjoncturel de ressource fourragère. Dans la rotation, elle permet également d’intercaler une céréale entre deux prairies sans trop pénaliser la sole pâturable ».

Pour l’essai, le pâturage de la céréale a été simulé par une coupe à la récolteuse à fourrage. Les deux dates de coupes ont eu lieu le 6 avril 2010 (coupe précoce) et le 27 avril (coupe tardive). « L’écart entre les deux exploitations n’est que de 21 jours et se traduit pourtant par des effets très contrastés ». L’essai a été mené sur du blé de variété Caphorn et sur un triticale Ragtac, de précocités comparables.

Quatre modalités ont été testées :

Récolte en grain : - 11 à - 80 % selon la date de coupe

« La récolte tardive permet d’obtenir une biomasse importante (3,0 et 4,1 tonnes/ha respectivement en blé et triticale) avec une qualité qui reste encore bonne (autour de 14 % de Mat et 77 % de digestibilité) mais très en deçà des récoltes précoces (tableaux 1 et 2) », note les auteurs de l’étude.


Le pâturage pourrait permettre d'obtenir 1 à 4 tonnes/ha de fourrage pour une baisse du rendement en grain allant de de 11 à 78 % (triticale). (© DR)

« Cependant cette récolte fin montaison a fortement pénalisé la capacité de repousse et de production de la céréale dont le rendement grain chute de 80 % alors qu’en récolte précoce, la perte n’était que de 11 % en triticale et de 19 % en blé. La récolte en fin de montaison pénalise fortement le rendement en grain et ne doit être réservée qu’à des situations d’urgence en termes de pénurie fourragère ».

La double coupe, semble n’avoir que peu d’intérêt puisqu’elle n’a quasiment pas produit de grain et son rendement fourrager total était inférieur à celui de la fauche tardive uniquement.

Le triticale prend l’avantage sur le blé

Le triticale produit plus de fourrage que le blé, aussi bien en coupe précoce qu’en coupe tardive (respectivement + 26 et 35 %). Il est également plus productif en grain quelles que soient les conditions d’exploitation. « Le triticale confirme son intérêt tant que l’offre variétale en blé tendre n’aura pas évolué vers ce nouveau marché ».

« La mise en œuvre de cette stratégie alimentaire à double usage (fourrage et grain) peut encore être affinée et documentée, explique l’Inra de Lusignan. Date et type de semis, association avec une légumineuse, choix de la céréale sont des pistes à explorer ».


La digestibilité de la céréales est meilleure en coupe précoce qu'en coupe tardive. (© DR)

 

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